Ce blog est le support de la "recherche action" menée par la Fédération nationale de l'agriculture biologique depuis 2011, par et pour les paysans bio, pour penser et proposer les modèles conceptuels d'une "nouvelle économie de l'AB" en action.

mardi 14 avril 2015

Prenez en soin de mon petit cochon rose, monsieur le ministre

La FNAB a organisé un colloque public lors de son Assemblée générale le 9 avril 2015 à Dunkerque. Le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a répondu présent à notre invitation, une arrivée qui n'a pas manqué de déclencher une demande d'audience de la part d'une délégation locale de la FNSEA. Entourés des forces de l'ordre, nous attendions sous le soleil l'arrivée du cortège républicain, toujours impressionnant, du ministre et négocions avec cette délégation son entrée dans le palais des congrès (drapeaux, pas drapeaux...).

(photo: Sarah Alcalay)






Deux délégations syndicales cohabitaient à quelques mètres l'une de l'autre, toutes deux dans l'attente du représentant de l'Etat encore investi de fonctions politiques et symboliques semble t-il indispensables aux mondes agricoles en tension. La FNAB avait choisi d'intituler son colloque "une ambition bio: réussir la transition écologique des territoires", tout un programme motivé notamment par la prospective du Nord Pas de Calais sur la 3ème révolution industrielle théorisée par Jeremy Rifkin (voir vidéo ci-contre pour l'exemple de la ville de Loos-en-Gohelle).

Chacun discourait avec son camp dans cette étrange ambiance inter professionnelle si proche (entre éleveurs) et si distante à la fois (entre organisations). Dans un intervalle, nous fûmes quelque uns à entendre le représentant de la FDSEA évoquer à ses troupes l'expression "d’acceptabilité sociétale de la compétitivité". Un tout autre programme en effet que la transition écologique des territoires. Un programme en soi mais surtout une stratégie dévoilée en une phrase choc. Quelques minutes après, le ministre arrivait et s'arrêtait devant la délégation en question. Nous pouvions assister, avec les journalistes, à la remise d'un petit cochon rose en plastique par un producteur demandant, non sans émotion, au représentant de l'Etat d'en prendre soin au nom de la filière qu'il représentait, fier de sa production et certainement inquiet pour son avenir.


Le colloque public fût l'occasion de parler d'économie agro-alimentaire dans une logique en transition, où les productions de qualité seraient écoulées dans des filières équitables et territorialisées (vidéo ci-dessus). Ce qui fit dire au Ministre Stéphane le Foll tout le bien qu'il pensait de la logique "je produit et on verra après" dès lors qu'il devait ensuite recevoir les mêmes responsables l'appelant à la rescousse car "j'ai produit mais je ne vends pas". Le colloque fut aussi l'occasion pour Stéphanie Pageot, Présidente de la FNAB, de rappeler qu'il fallait parler de "compétitivité plurielle" pour pouvoir justifier de "l'acceptabilité sociétale" pour des filières agro-alimentaires qui ne peuvent s'exonérer des conséquences environnementales et sociales de leurs activités (cf. l'étude MEDDE-CNRS sur le Nord Pas de Calais, ou la vidéo du colloque du 5 décembre 2014, article précédent).

Il y a, on le voit, de réels convergences d'intérêts entre des producteurs soucieux d'incarner une production locale de qualité et d'en vivre d'une manière cohérente. Il y a aussi de profondes divergences politiques et stratégiques sur le type de modèle économique pour y parvenir; avec au coeur du sujet, la place qu'on accorde à la société dans un débat démocratique sur l'économie agro-alimentaire que nous voulons pour nos territoires.
Julien adda




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