Ce blog est le support de la "recherche action" menée par la Fédération nationale de l'agriculture biologique depuis 2011, par et pour les paysans bio, pour penser et proposer les modèles conceptuels d'une "nouvelle économie de l'AB" en action.

jeudi 3 juillet 2014

Nouvelle économie bio et théorie des "agencements marchands"

Michel Callon, professeur à l'Ecole des Mines de Paris, a dirigé la publication d'un ouvrage collectif en 2013 intitulé "Sociologie des agencements marchands" (éditions Mines Paristech).

résumé
Qu’est-ce que le marché ? Depuis une quinzaine d’années, Michel Callon et les chercheurs du centre de sociologie de l’innovation (CSI) de l’école des mines se penchent sur cette question si peu discutée par les recherches en économie ; ils l’interrogent dans le prolongement des travaux qu’ils menaient autour de la sociologie de la traduction, dite encore théorie de l’acteur-réseau (ou Actor-Network Theory). Ces nouveaux travaux se caractérisent par l’attention accordée à l’ensemble des acteurs concernés par la formation des marchés, au rôle central des dispositifs techniques et des savoirs scientifiques, à l’importance des pratiques d’expérimentation et au processus de qualification des biens et des services.

L’ouvrage présente une sélection de textes importants qui ont servi de jalons à cette réflexion collective et qui sont toujours d’actualité. Il se clôt par un texte original et fondamental de Michel Callon qui explore un nouveau concept, l’agencement marchand ; il propose de le substituer à celui de marché-interface pour rendre compte de l’ensemble des activités et processus désormais au coeur de l’action marchande.
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Qu’est-ce que le marché ? Depuis une quinzaine d’années, Michel Callon et les chercheurs du centre de sociologie de l’innovation (CSI) de l’école des mines se penchent sur cette question si peu discutée par les recherches en économie ; ils l’interrogent dans le prolongement des travaux qu’ils menaient autour de la sociologie de la traduction, dite encore théorie de l’acteur-réseau (ou Actor-Network Theory). Ces nouveaux travaux se caractérisent par l’attention accordée à l’ensemble des acteurs concernés par la formation des marchés, au rôle central des dispositifs techniques et des savoirs scientifiques, à l’importance des pratiques d’expérimentation et au processus de qualification des biens et des services.

L’ouvrage présente une sélection de textes importants qui ont servi de jalons à cette réflexion collective et qui sont toujours d’actualité. Il se clôt par un texte original et fondamental de Michel Callon qui explore un nouveau concept, l’agencement marchand ; il propose de le substituer à celui de marché-interface pour rendre compte de l’ensemble des activités et processus désormais au coeur de l’action marchande.
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Qu’est-ce que le marché ? Depuis une quinzaine d’années, Michel Callon et les chercheurs du centre de sociologie de l’innovation (CSI) de l’école des mines se penchent sur cette question si peu discutée par les recherches en économie ; ils l’interrogent dans le prolongement des travaux qu’ils menaient autour de la sociologie de la traduction, dite encore théorie de l’acteur-réseau (ou Actor-Network Theory). Ces nouveaux travaux se caractérisent par l’attention accordée à l’ensemble des acteurs concernés par la formation des marchés, au rôle central des dispositifs techniques et des savoirs scientifiques, à l’importance des pratiques d’expérimentation et au processus de qualification des biens et des services.

L’ouvrage présente une sélection de textes importants qui ont servi de jalons à cette réflexion collective et qui sont toujours d’actualité. Il se clôt par un texte original et fondamental de Michel Callon qui explore un nouveau concept, l’agencement marchand ; il propose de le substituer à celui de marché-interface pour rendre compte de l’ensemble des activités et processus désormais au coeur de l’action marchande.

En finir avec la notion de marché?

Le texte de Michel Callon débute par la question de la préservation du meilleur de l'économie de marché avec l'obligation morale et rationnelle d'en éviter le pire, où la conception néo-libérale qui semble gouverner aujourd'hui les politiques économiques mondiales. Il se place dans les pas de Karl Polanyi qui, dès le milieu du XXème siècle, mettait en évidence les deux "solutions" d'évitement de l'économie de marché à la société de marché, soit  la contention par l'Etat (activités redistributrices et économie sociale par exemple), soit l'ambition de modifier les marchés de l'intérieur (assurément une grande tâche! reconnaissait Polanyi): pour Callon, "la question devient alors celle de la conception (entendue à la fois comme définition et comme mise en œuvre) de marchés qui répondent à un cahier des charges comportant un ensemble d'exigences potentiellement contradictoires et dont la formulation est régulièrement soumise au débat public" (p327). La dimension sociologique est bien celle d'une analyse des marchés concrets, un concept d'agencement marchand comme une ingénierie politique des marchés (les choix possibles pour les acteurs). On retrouve là le travail de la FNAB focalisé sur les dynamiques organisationnelles réelles des producteurs bio qui cherchent à faire "économie"  à partir de postulats politiques (équitabilité, solidarité etc.) vérifiés par les pratiques formalisées (charte, cahier des charges, outils d'évaluation etc.).

Il est dès lors intéressant de suivre Michel Callon dans son analyse critique des notions abstraites de marché entendu comme la confrontation d'offre et de demande considérées comme autonomes. En effet, très souvent la production de produits bio n'a pas été ou n'est pas envisageable comme un bien disponible indépendamment des conditions de sa conception et des particularités de sa commercialisation. Ce sont des produits le plus souvent innovants par rapport à une offre agro-alimentaire standardisée, le "marché" pour ces produits n'existait pas, il est le produit d'une construction sociale complexe (cf. le rôle des "consom'acteurs" dans la co-conception des innovations et de leur mise en marché jusqu'à l'acceptation d'un prix à payer). Michel Callon nous invite à réintégrer dans le cadre du "marché" tout ce qui précède la confrontation organisée entre l'offre et la demande de biens disponibles. Intéressant de lire "qu'une des fonctions essentielles des marchés est de contribuer, selon des modalités discutables et à discuter, à la conception des biens avec lesquels "nous" choisissons de vivre".
Cette analyse remet aussi en question le sens de la compétition entre acteurs économiques, en fait, les marchés concrets (que nous pouvons tous observer dans noter quotidien) sont d'abord le produit de stratégies d'évitement de la concurrence. [Michel Callon revient sur ce sujet en vidéo ici]. On a là évidemment la thématique clé de la recherche action de la FNAB, à savoir la possibilité de la maitrise d'un changement d'échelle de la bio qui ne s'appuierait pas sur des logiques monopolistiques nationales ou internationales (cet évitement de la concurrence) mais sur des logiques coopératives territorialisées (autre forme d'évitement de la concurrence destructrice entre agents producteurs). Cette ingénierie politique des "marchés - amont - de la bio" par les producteurs se confronte ou s'articule par ailleurs aux tendances monopolistiques des entreprises de l'aval, accélérées en 2014. On serait donc dans un régime d'innovation intensive qui vise notamment la préparation et la captation des clients sur le mode de la singularisation (un produit que vous attendiez, fait pour vous etc.) tout en étant dans des industries de masse. La bio a été et est une économie de l'innovation et de la singularisation dès l'émergence de son économie de "niche" co-construite avec les consommateurs, elle n'est pas - pour les producteurs - une économie qui devrait se massifier à partir d'une vision purement marketing du lien entre producteur et consommateur, ignorant les réalités concrètes de conception du produit. Elle n'est pas exempte a priori de ce processus de "conventionalisation" pour autant. La notion d'agencement marchand proposée par Michel Callon entend prendre en compte les dimensions sociales, politiques et économiques qui préexistent et se poursuivent au-delà de la notion restrictive de marché interface entre une offre et une demande.On comprend tout l'intérêt de cette rupture conceptuelle pour penser la réalité des marchés concrets de la bio. A suivre. Julien Adda

Qu’est-ce que le marché ? Depuis une quinzaine d’années, Michel Callon et les chercheurs du centre de sociologie de l’innovation (CSI) de l’école des mines se penchent sur cette question si peu discutée par les recherches en économie ; ils l’interrogent dans le prolongement des travaux qu’ils menaient autour de la sociologie de la traduction, dite encore théorie de l’acteur-réseau (ou Actor-Network Theory). Ces nouveaux travaux se caractérisent par l’attention accordée à l’ensemble des acteurs concernés par la formation des marchés, au rôle central des dispositifs techniques et des savoirs scientifiques, à l’importance des pratiques d’expérimentation et au processus de qualification des biens et des services.

L’ouvrage présente une sélection de textes importants qui ont servi de jalons à cette réflexion collective et qui sont toujours d’actualité. Il se clôt par un texte original et fondamental de Michel Callon qui explore un nouveau concept, l’agencement marchand ; il propose de le substituer à celui de marché-interface pour rendre compte de l’ensemble des activités et processus désormais au coeur de l’action marchande.
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